Depuis plus de trois ans, le site d'auto-assistance "Mon quartier"(www.Mes15Minutes.com) est disponible en ligne. Des résultats favorables viennent d'être publiés dans la littérature internationale.
Toute personne qui pense souffrir d'épuisement professionnel, de stress, d'anxiété, de dépression, de surmenage ou d'hyperventilation peut réaliser un autotest sur "Mon quart d'heure". Après cela, il ou elle peut s'inscrire au programme d'auto-assistance. En répondant aux questions et aux suggestions, le participant travaille sur son problème. A raison d'un quart d'heure de consultation assistée par ordinateur par jour, la moyenne de la population voit son stress diminuer de plus de 50% après 3 semaines. À ce moment-là, le score DASS est tombé en moyenne dans la zone sans stress.
"Ce que j'ai remarqué, surtout récemment, c'est que le seuil d'utilisation de l'internet a considérablement baissé", déclare l'initiateur, le Dr Paul Koeck (Anvers). "Si les gens reçoivent des conseils pour séparer le bon grain de l'ivraie sur le web, ils sont prêts à utiliser un programme d'auto-assistance scientifiquement fondé via l'ordinateur. Pour certains, l'utilisation de "Mon quartier" est la première étape. Ensuite, si nécessaire, le programme peut les orienter vers un médecin. À l'origine, nous avions envisagé de n'admettre dans le programme que les personnes ayant consulté leur médecin traitant, mais l'effet d'abaissement des seuils de "Mon quartier" s'en est trouvé partiellement perdu."
Hésitation et temps d'attente
Seule une fraction des personnes orientées vers une psychothérapie par leur médecin franchit le pas, comme le sait le Dr Koeck : "Ce matin, je me suis levé et j'ai découvert que quelqu'un s'était inscrit à "Mon quartier" à 4 heures du matin. C'est le profil type du patient qui a une crise d'hyperventilation et qui se dit : demain j'appelle le médecin. L'une des raisons pour lesquelles les gens ne vont pas voir un conseiller, par exemple, est qu'ils n'aiment pas parler, alors que lors d'une consultation en face à face, il faut le faire. Certains ont peur de devoir révéler leur jeunesse sexuelle pendant des années au cours du traitement.
En outre, les patients des centres de santé mentale sont parfois confrontés à des listes d'attente de plusieurs mois. Avec "Mon quartier", ils peuvent prendre des mesures entre-temps, de sorte qu'au moment de la consultation, le problème a déjà été partiellement clarifié.
Une nouvelle classe thérapeutique
L'effet d'abaissement du seuil des programmes d'auto-assistance se manifeste également en fonction du sexe. Il est bien connu que la plupart des patients lors d'une consultation de psychothérapie sont des femmes. Cela reste vrai pour "Mon quart d'heure", mais les hommes sont relativement plus nombreux à y participer. Cela confirme ce que Paul Koeck entend dans les milieux internationaux : les réalisateurs de programmes audio d'auto-assistance ont l'impression que leurs instruments font évoluer le sex-ratio du groupe atteint vers plus d'hommes.
Ces observations conduisent à une conclusion claire : les programmes d'auto-assistance en ligne constituent une nouvelle classe thérapeutique, aux côtés des médicaments et de la thérapie par la parole. Par exemple, on peut laisser le patient choisir entre une psychothérapie et "Mon quartier". Une option n'est pas simplement meilleure que l'autre, mais peut parfois correspondre plus étroitement aux préférences du patient. "Tout récemment, j'ai eu un patient qui m'a fait penser : nous n'arriverons à rien ici avec la seule thérapie par la parole. Je lui ai recommandé de prendre "My Quarter", dit le Dr Koeck. "On peut imaginer qu'un ingénieur qui aime travailler sur l'ordinateur se sente plus à l'aise avec un programme en ligne. Mais une femme qui discute régulièrement de tout avec ses amies préférera probablement la thérapie par la parole."
Les programmes d'auto-assistance convainquent par un paradoxe : le contrat psychologique est plus fort avec eux qu'avec un conseiller à forme humaine. Les patients signent normalement un contrat psychologique avec la personne qui les aide. Mais avec qui signez-vous le contrat si cette personne n'est pas là ? "Avec vous-même", répond Paul Koeck. " Une participante nous dit sur notre site qu'elle a construit une relation importante avec elle-même grâce à " Mon quart d'heure ". Le programme pose chaque jour des questions qui vous font réfléchir sur votre propre personne. Un autre levier pour une bonne conformité est que l'accès au programme est obtenu par une contribution financière acceptable : une fois qu'ils ont payé, les gens veulent en avoir pour leur argent. Aux Pays-Bas, des sites d'auto-assistance gratuits sont disponibles, mais seuls quelques pour cent des personnes inscrites terminent le programme.
De nouvelles applications apparaissent
Les participants reçoivent le conseil non obligatoire de "My Quarter" de discuter de leurs résultats avec leur médecin généraliste, afin que d'autres options puissent être explorées si le programme d'auto-assistance ne suffit pas. Le programme fournit des graphiques pour la consultation avec le médecin généraliste, qui permettent de voir les résultats du patient en un coup d'œil. "Les graphiques ont conduit à de nouvelles applications", explique le Dr Koeck. "Tout d'abord, nous constatons que le médecin généraliste utilise effectivement ce matériel comme un moyen de suivre l'évolution du patient. Mais les patients qui sont absents du travail en raison de leur maladie portent également les graphiques au médecin de contrôle. Pour certaines personnes, cela permet de convaincre leur employeur qu'elles ne traînent pas les pieds, mais qu'elles travaillent réellement sur leur situation."
Les certificats de participation, que le programme décerne lorsque les inscrits ont accompli 75 % des trimestres de consultation, présentent un intérêt similaire. Lorsque ces certificats ont été remis aux employeurs, certains ont décidé de rembourser leurs employés pour l'inscription à "Mon quart d'heure" - entre 55 et 110 euros, une petite somme pour une entreprise, si elle peut empêcher un de ses collaborateurs de sombrer dans le burn-out. Cette nouvelle approche répond à la demande du gouvernement qui souhaite que les entreprises s'efforcent de prévenir l'épuisement professionnel. La participation provient principalement de grandes structures, mais quelques PME se sont également jointes au mouvement.